Témoignage de Bruno, 60 ans ; Mélanie, 38 ans ; et Lucas, 19 ans
3 volontaires en Wwoofing (Wooding) témoignent de leur expérience forestière chez Raymond, propriétaire de la forêt de Tiragoutte dans les Vosges, en automne-hiver 2024
Bruno, 60 ans ; Mélanie, 38 ans ; et Lucas, 19 ans.
– Peux-tu nous parler de ton parcours ? Quel âge as-tu, qu’est-ce que tu as fait jusqu’à maintenant ?
Bruno : Je m’appelle Bruno, j’ai 60 ans, je viens de la banlieue parisienne de l’Est. J’ai fait un bac C, puis des études scientifiques que j’ai interrompues. Après, j’étais dans l’immobilier, puis j’ai géré mes propres appartements.
Mélanie : Je m’appelle Mélanie, j’ai 38 ans, j’habite en région parisienne, j’ai travaillé pendant plus d’une dizaine d’années dans le digital, puis certains événements m’ont conduite à démissionner. Suite à cela j’ai décidé de partir en wwoofing en Suède 1 mois, c’était une expérience très riche, ensuite j’ai poursuivi mes découvertes à travers de nombreux séjours wwoofing en France.
Lucas : J’ai 19 ans, j’ai un parcours scolaire classique, avec un bac général. Je me suis présenté une première fois à l’école forestière de Mirecourt, mais je n’y ai pas été admis et j’ai fait une année de césure et me suis présenté une deuxième fois : me voici en première année de BTS Gestion Forestière.
– Comment t’es tu retrouvé dans les montagnes, dans cette forêt, avec Raymond ?
Bruno : Je me suis inscrit à la plateforme WWOOFING, j’étais intéressé par les fermes, par les animaux, principalement les chevaux. Et puis, par la forêt, parce que j’ai aussi une forêt. Donc c’était mes deux centres d’intérêts, et il n’y avait pas beaucoup d’offres en ce sens, donc je suis vite tombé sur la forêt de Tiragoutte.
Mélanie : Je ne connaissais pas du tout l’Est de la France, et j’avais envie de découvrir les Vosges, j’ai trouvé cette proposition de wwoofing dans une forêt, j’avais besoin de me dépenser physiquement, dehors, et j’avais très envie de me perfectionner en reconnaissance des arbres, c’était l’endroit idéal.
Lucas : Pendant cette année de césure, un collègue m’a parlé du Wwoofing dont j’ignorais tout, et par chance, j’ai découvert, pas très de loin de chez moi, La Forêt de Tiragoutte qui fait exception par rapport aux autres propositions beaucoup plus agricoles.
– Qu’est-ce que tu apprends ici, en forêt ?
Bruno : ça m’apporte plein de choses parce que Raymond est un peu spécialiste, il en sait beaucoup. Et moi je suis complètement amateur. J’ai acheté une forêt il y a quelques années, et je ne faisais rien dessus, à part un peu de bois mort. Donc il m’a appris comment ça marche professionnellement, comment le secteur est structuré, et puis toute une partie pratique.
Mélanie : J’ai appris à différencier les sapins et les épicéas à différents stades de leur vie, et les arbres de la forêt à différentes périodes de l’année et je continue de réviser chaque fois que je reviens !
Lucas : Beaucoup de choses dans divers domaines ! La reconnaissance des espèces, dont j’avais une culture plutôt intuitive, mais aussi la sylviculture, et l’histoire des forêts, qui est un sujet très « pratiqué » à Tiragoutte. Je ne suis pas resté les mains dans les poches, autrement dit j’ai le sentiment d’être dans le concret.
– Qu’est-ce qui t’attire dans la forêt, pour l’instant, ou pour la suite dans ton parcours ?
Bruno : J’aime bien la matière, le bois. J’ai déjà travaillé un peu le bois, j’ai fait quelques petites constructions en bois. Du coup c’est un intérêt qui va aussi vers la forêt. Peut-être aussi pour le bois de chauffage. Et puis c’est assez technique d’aller couper des arbres !
Mélanie : Je pense que pour moi la forêt me fait ressentir des choses de l’ordre de l’aventure et de la liberté, mais aussi la reconnexion au rythme de la nature, donc le mien, à travers la simplicité. Et puis j’aime sculpter des petits objets en bois et cueillir des plantes sauvages, alors ici j’ai tout sur place.
Lucas : J’aime le silence de la forêt, je m’y rends dès que possible seul ou entre amis depuis ma plus tendre enfance. J’ai exploré beaucoup de forêts et de sites naturels de la région, bref, c’est mon élément.
– Qu’est-ce que ça fait de se retrouver plusieurs heures dans la journée, durant plusieurs jours, avec une personne que tu ne connais pas ?
Bruno : Au départ, on sait pas trop, d’autant plus que c’est mon 1er séjour Wwoofing, et bien c’est une très bonne première expérience ! Mais au départ, c’est un peu un saut dans l’inconnu. J’ai super apprécié ce séjour, ça permet de participer à tout. Puis en plus je suis bien logé et nourri.
Mélanie : Au début c’est éprouvant psychologiquement pour moi, car cela demande de trouver comment s’ajuster à l’autre personne sans perdre le contact avec soi-même, et tout en laissant du temps à chacun de trouver des repères. J’ai eu besoin de passer quotidiennement du temps seule pour recharger mes batteries. Maintenant je connais Raymond alors c’est beaucoup plus simple et fluide 🙂
Lucas : Il y a des moments pédagogiques où j’apprends, que ce soit en botanique, en gestion forestière etc. J’ai apprécié le regard de Raymond sur la forêt et nos échanges. Au cours de mon stage, j’ai assisté à une visite de Tiragoutte de l’équipe de l’Office de Tourisme intercommunal et j’ai constaté la cohérence du discours par rapport à nos échanges. Sinon, j’ai pu effectuer pas mal de tâches en autonomie.
– Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote sur ta rencontre avec Raymond ?
Bruno : Dans la journée on travaille, avec des interruptions pour le repas de midi. C’est une journée de terrain en forêt, de vie dans les bois.
J’ai appris pas mal de choses sur le côté pratique, sur le côté administratif. Je ne connaissais pas le CNPF par exemple.On a aussi parlé de biodiversité, d’autant plus qu’il a une forêt très diversifiée, c’est pas une seule essence plantée à but commercial.Mélanie : – Quand Raymond est venu me chercher à la gare d’Etival-Clairefontaine à mon arrivée, il m’a demandé à quoi me faisait penser le nom de Clairefontaine. La première idée qui m’est venue c’était le football ! Mais en fait c’était bien évidemment le papier Clairefontaine. En plus j’écris sur des petits carnets de cette marque, le papier est vraiment très agréable sous le stylo. J’ai donc découvert l’endroit où étaient fabriqués mes carnets, maintenant j’y pense chaque fois que je prends mon carnet !
